PETIT À PEUT-ÊTRE
(Carole & Jack TOCAH)
Petit à peut-être, petit à petit,
J'enverrai des lettres et puis des mots à mon ami
Et par la fenêtre, qu'on voit de son lit
Le fleuve et ses êtres achemineront nos écrits
Petit à petit peut-être
Qu'un ange un peu plus poète
prêtera sa plume, amie Pierre-Eau
A mes menottes qui tremblent
à l'idée de glisser ensemble
au clair de la lune au fil de l'eau
Petit à peut-être, petit à petit,
J'ouvrirai une fleur dans mon cœur pour mon ami
Petit à peut-être, le cours de la vie
reprendra bien pour qu'il ouvre les draps de son lit
Car cet amour dont aucun être de chair ne viendra à naître
Nous amènera au bord de l'eau
Nous traverserons le Styx, même nous deux, vieux Phénix,
Laissant des enfants d'air et de mots
Petit à peut-être, petit à petit,
Je l'épouserai, nous unirons nos cheveux gris
Et par la fenêtre, qu'on voit de son lit
Le fleuve et ses êtres sauront que l'on s'est unis
Le coeur me vrille, mon cœur en vrac
Par le tumulte et le ressac
Impétueux de l'ancien lac
Au milieu duquel un roc
Restait fiché d'un vieil estoc
Retiré de ta main ad hoc
Puis tu jetas un pavé doux
L'onde de choc était pour nous
Mes particules élémentaires
Sens dessus dessous s'en trouvèrent
Un flot de sang, un flot d'amour
Une belle vague à l'âme our-
dissant m'a rejoué tes tours
Le ventre doux , le ventre lourd
Nue mais comme dans du velours
En mariée au petit jour
Je danse et puis je viens poser
ma tête près de collier de lion
Assis et presque en paix qui se trouvait prêt à m'aimer
Petit à peut-être, petit à petit,
J'enverrai des lettres et puis des mots à mon ami
Et par la fenêtre, qu'on voit de son lit
Le fleuve et ses êtres achemineront nos écrits
Car cet amour dont aucun être de chair ne viendra à naître
Nous amènera au bord de l'eau
Nous traverserons le Styx, même nous deux, vieux Phènix,
Laissant des enfants d'air et de mots
Petit à peut-être, petit à petit,
Je l'épouserai, nous unirons nos cheveux gris
Et par la fenêtre, qu'on voit de son lit
Le fleuve et ses êtres sauront que l'on s'est unis
sur la vidéo à 00:06:04
Monk était branque
Les filles mortes
(Carole & Jack Tocah)
Y a des bambous cassés dans le jardin tout délavé-cramé
Le bois dont je me chauffe a travaillé. Va-t-il craquer ?
Des burkinis bannis, des bikinis, et des culs nus, tous nus
Le Burkina qui cuit et la Syrie où la mémoire supplie
Le Nigéria dont Rollins, stone, fit « Airegin »
Est violé, épuisé, on y voit plus de filles en jean
Un mascaret d'amour qui me remonte la Garonne
L'Angélus qui sonne
Le bourdon athée qui bourdonne
Nous voilà
Nus sous la caresse des banques
Mus par le sacré qui s'achète
Cent ans plus tôt Monk était branque
Et nos monstres sortaient la tête
Des prédicateurs partent en vrille
Et Assaillent la joie par cohortes
Et les mères qui se déshabillent
Ont cru devoir ouvrir la porte
Des chambres de leur descendance
A un défilé de cloportes
Des gourous, traders d'innocence
Extraient l'élixir de jouvence
au cou des vierges qu'elles leur apportent
Les filles mortes se ramassent à la pelle
Derrière nos masques de bonté, le néant guette l'élan de vie
l'élan de vie...l'élan de vie...l'élan de vie...
Et la paternité noie sa dignité dans le déni
dans le déni...dans le déni...dans le déni
PARDON ( Carole & Jack TOCAH)
Pardon pardonnons pardonnons-nous donnons-nous la main c'est tout bout à bout
Les doigts croisés c'est tout
Pour tous les justes ordinaires jetés en mer
Dont on veut nier la mémoire sans égard
On peut bien vous faire offense
Vous infliger la transparence du déni, de l'oubli,
L'indigne, c'est celui qui justifie sa violence :
Il fusille sa propre enfance
De l'art
De son propre regard
Il nous reste un art de tendre la joue
Vivre fort c'est tout
J'entends Léonard qui aime Suzanne,
Ravel qui nous invente une Pavane,
Sans mission
Divine, on chemine à découvert
sans courber l'échine
Sans armoiries rances, j'aime quand les simples s'avancent
Ils n'ont aucune importance
Alors ils dansent
Nus et libres au centre de vos lances
Mais lorsqu'ils tombent,
Ils émettent la vraie lumière du monde
Pardon pardonnons pardonnons-nous
Pour tous les justes ordinaires jetés à terre,
Dont on veut nier la mémoire sans égard
La grande inconnue c'est l'histoire
De ceux qui s'aiment en isoloir
Démunis, et meurtris,
tant d'amants ont choisi
L'ablation d'un bout de raison
Pour sauver leur vaisseau-maison
Mais la nuit prend
Même ceux qui la fuient
Comptine pour CEUX QUI S'AIMENT
( Carole & Jack Tocah )
En nous sommeille peut-être
L'enfant derrière la fenêtre
Ivre du parfum des protège-cahiers plastiques
En toi sommeille peut-être
Celui qui de tout son être
Ne supportait plus les leçons soporifiques
Tu déployais ton cœur dans les nuages
Tu y trouvais ton courage
Et tu demandais à ta voisine
« Est-ce que tu voudrais m'épouser
pour savoir
Qui l'on est quand on est deux ? »
(il faudra)
Protégez ceux qui s'aiment
Pour qu'à leur tour ils sèment
Dans le vent de ces grains légers qui s'enfuient
Et si c'est moi qui t'aime
La tendresse elle-même
Survivra à mon tout dernier soupir
Le vent saura s'en souvenir
Lui seul saura s'en souvenir
Souvent dans le matin blême
Au dessus de ton café-crème
T'as pas pu trier tes visiteurs de la nuit
Tu balances tes problèmes
Dans ta cage aux anathèmes
Et tu feras payer le tout premier qui surgit
De l'enfance persiste un rêve tu
D'une énergie ténue
C'est ta liberté sacrée goutue
qui te poussait vers l'inconnu
qui protège
La confiance
La connivence
(il faudra)
Protéger ceux qui s'aiment
Pour qu'à leur tour ils sèment
Dans le vent de ces grains légers qui s'enfuient
Et si c'est vulnérable
Cette faille admirable
Survivra à ceux qui voudraient la détruire
Le vent saura s'en souvenir
D'elle seule voudra se souvenir
Vers le 15 janvier 2018, à la tombée d'un soir laqué de ta ville déserte, je marchais sur la petite place derrière le Capitole. La statue de Claude, seule, dégoulinait. Mon cœur s'est serré. Les rares passants pressés rentraient sans un regard pour toi. Je t'aurais voulu réanimé par mes bras magiques d'amoureuse de ton œuvre.
J'avais 15 ans quand j'ai senti ton choc pour la première fois, au petit théâtre d'Angoulême.
Depuis ton cœur de bronze, entends ma gratitude, pour chaque Toulouse écoutée, chaque rocaille de ta gorge et l'écho de ton souffle de Poète endormi.